La Suisse, coffre-fort du dictateur érythréen

Depuis 1993, Issayas Afeworki fait régner la terreur sur l’Erythrée, aussi surnommée la Corée du Nord de l’Afrique. Alors que la population ne pense qu’à fuir, le président amasse patiemment un joli magot, qu’il place discrètement à l’étranger, notamment en Suisse.

La Suisse est une destination prisée des Erythréens. Tous les jours, par dizaines, des réfugiés venus de ce petit Etat de la corne de l’Afrique s’amassent aux frontières du Tessin, cherchant par tous les moyens à échapper à l’enfer et à gagner la liberté dont ils rêvent depuis des années. Avec plus de 2300 ressortissants arrivés entre avril et juin 2015, l’Erythrée est désormais le premier pays d’origine des requérants d’asile en Suisse.

Mais notre nation est aussi appréciée pour d’autres raisons que sa démocratie. Les Erythréens plus aisés, proches du dictateur Issayas Afeworki, aiment à fréquenter les établissements bancaires de la place helvétique pour gérer leurs affaires et enrichir les poches de leur charismatique leader.

L’enquête de L’Hebdo montre qu’une partie des recettes d’Asmara provenant des activités illégales du régime a transité par le biais de comptes à Genève et à Zurich, notamment à UBS. Les sommes se comptent en dizaines de millions.

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Les vampires de Lachen

Ils prélèvent le plasma sanguin, le transforment et le revendent. Octapharma AG est l’un des leaders mondiaux du secteur. Un succès aux méthodes troubles: la firme est mise en cause au Portugal et au Brésil. Tandis qu’en Suisse, la Croix-Rouge lui revend une partie du sang de ses donateurs.

Le cauchemar de José Sócrates porte un nom: Octapharma. Derrière les barreaux de la prison d’Evora, où il purge une peine préventive depuis maintenant un mois, l’ancien premier ministre portugais doit regretter d’avoir frayé d’un peu trop près avec la multinationale suisse. Car derrière le business apparemment aseptisé de cette entreprise méconnue se cache une stratégie implacable, parfois aux frontières de la légalité. Présente dans plus de cent pays, Octapharma avance comme un bulldozer sur le marché en pleine croissance des dérivés du plasma sanguin.

L’ex-leader socialiste est accusé de fraude fiscale, de blanchiment d’argent et de corruption par la justice lusophone. Et si l’enquête a des dizaines de ramifications complexes, les pistes remontent avec insistance jusqu’à la bourgade schwytzoise de Lachen, siège d’Octapharma AG.

Depuis le début de 2013, José Sócrates était consultant de la firme pour l’Amérique latine. Avec un salaire de 12 000 euros mensuels, écrit la presse portugaise, qui lui aurait été versé à double. Une partie de cette rémunération viendrait du compte offshore d’un ami – une manière efficace de blanchir une fortune d’origine douteuse, avec l’aval d’Octapharma. Comment l’ex-ministre a-t-il pu gagner les 20 millions d’euros qu’il détenait sur un compte chez UBS ?

Décrit comme bling-bling, l’ancien chef du gouvernement, qui a démissionné en 2011, aurait mis en place un système élaboré de détournement de fonds. Plusieurs autres personnes mises en cause par l’enquête, comme ses compatriotes Jaime Couto Alves ou Paulo Castro, sont également liées à Octapharma. L’entreprise pharmaceutique s’est déclarée prête à collaborer avec les enquêteurs et a démis José Sócrates de ses fonctions.

Le scandale ne fait que commencer: les accusations de Lisbonne sont en voie de remonter jusqu’au Brésil, où Octapharma a déjà connu de gros problèmes. En 2004, la firme suisse était apparue avec deux concurrents dans l’affaire des «vampires du sang» qui avait ému tout le pays. Octapharma y était accusée d’avoir inondé le marché de ses produits à coups de dessous de table auprès de fonctionnaires du Ministère de la santé et du Parti du travail. Les prix des injections de plasma avaient explosé, tandis que les malades, eux, mouraient.

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Le collectionneur Asher Edelman attaque en justice une société suisse

A 74 ans, le «requin le plus divertissant du marché de l’art», comme l’a surnommé un journaliste américain, est encore loin de la retraite. Asher Edelman, le redoutable trader qui avait fondé le musée de Pully, a porté plainte vendredi 31 janvier devant la Cour suprême du Tribunal de New York pour «rupture de contrat» et «fraude». Le négociant accuse l’entreprise Artmentum, basée près de Zurich, d’avoir voulu lui vendre une série de tableaux d’exception alors qu’elle n’en avait pas le mandat.

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