Il est un village, au beau milieu de la Suisse, où demander à quelqu’un ce qu’il vote n’a rien de tabou. « Quelle question », sourit Nicole Reichmuth, qui vit à Unteriberg. Assise à une table en bois du café Schäfli, où les habitants du coin se retrouvent quotidiennement pour blaguer et écouter de la musique traditionnelle, la jeune femme répond simplement, en tirant sur sa cigarette – le restaurant se vante d’être encore fumeur : « Au dernier référendum, j’ai voté oui ».
« On sait qu’on a besoin des étrangers, mais on ne veut pas qu’ils soient trop nombreux », poursuit la jolie blonde de 28 ans, qui travaille au ski-bar d’une des bourgades voisines. Installés autour d’elle, quelques hommes hochent la tête et marmonnent en dialecte. Le 9 février dernier, les 1096 électeurs d’Unteriberg ont été 87.7% à dire « Ja » à l’initiative « contre l’immigration de masse », adoptée de justesse au niveau national. Le score est le plus élevé de toute la Suisse allemande.