Suisse: femmes enceintes, au boulot !

Accusés de complaisance par les assureurs, les gynécologues ne donnent plus aussi facilement des arrêts de travail à leurs patientes en fin de grossesse. La loi entrée en vigueur en 2005 ne prévoit pas de congé avant l’accouchement, alors que 90% des Suissesses en prennent un. Les spécialistes dénoncent une «hypocrisie».

Quelques jours avant Noël, à plus de huit mois de grossesse, Emilie* se rend chez sa gynécologue au centre de Lausanne. Le contrôle est positif: la maman et son bébé se portent bien. Mais la jeune femme, qui travaille dans des conditions de grand stress, est épuisée, souffre du dos et d’un essoufflement continu.

Ne pourrait-elle pas arrêter de travailler jusqu’à l’accouchement? Son médecin l’écoute et la comprend, mais refuse catégoriquement de signer un certificat médical. Sa petite fille naîtra quelque temps après – en bonne santé, mais avec quinze jours d’avance…

Si cette gynécologue n’a pas voulu donner un arrêt de travail à Emilie, c’est qu’elle n’en avait pas formellement le droit: il aurait fallu que la santé de la mère et de l’enfant soit gravement menacée.

Selon la loi de 2005, le congé maternité ne démarre qu’à la naissance du bébé; avant celle-ci, la femme est censée travailler, car la grossesse n’est pas considérée comme une maladie. Jusqu’à présent, les médecins estimaient que la fatigue, qu’elle soit physique ou psychologique, était une raison suffisante pour mettre à l’arrêt une patiente enceinte. Cette ère est désormais révolue.

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